Si en avril, on ne se découvre pas d’un fil, le fil…conducteur de cette balade rend hommage à un douloureux évènement dont les conséquences se mesurent encore aujourd’hui. Il y a 20 ans, le 26 avril 1986, la plus grande catastrophe nucléaire civil se produisait en Ukraine à Chernobyl. Si les journaux et magazines généralistes reviendront longuement sur cet évènement dramatique, nous souhaitions avant tout (et tous) mettre en lumière deux sites nucléaires très proches de notre quotidien. Alors, de Tihange à Chooz, suivez nos traces pour découvrir quelques très beaux coins de Belgique et une enclave française au charme méconnu. Texte et photos : Tigerjac
Combiner plaisir et connaissance Le point de départ du parcours se fera à Amay, aux pieds de l’église où un grand parking permettra à chacun d’attendre ses compagnons ou compagnes (de plus en plus de dames font de la moto et profitent de la facilité de Tripy, tant mieux). Nous quittons le joli centre d’Amay par l’Est pour aller enjamber la ligne de chemin de fer Namur-Liège puis la Meuse. Juste après le fleuve, on bifurque à droite pour prendre la grosse N90. Cette 4 voies rapides ondulant le long du cours d’eau, nous fera rejoindre après quelques centaines de mètres la centrale de Tihange. Ses deux énormes cheminées coiffées d’un panache blanc, sont devenues le symbole du nucléaire en Wallonie. Tihange est à un jet de pierre de Huy, centre urbain important et carrefour routier de premier plan, un accident exposeraient immédiatement la population environnante. Il est d’ailleurs à noter qu’en 2005, le nombre d’incidents techniques mineurs a augmenté comparé aux années précédentes. La direction d’Electrabel invoque l’augmentation des contrôles pour justifier ce nombre de problèmes découverts alors que les employés arguent d’un manque criant de personnel pour une sécurité irréprochable. Le débat est ouvert et le monde politique devrait s’y intéresser au plus vite dans l’intérêt de tous.
Sécurité bétonnée Barbelés et grillages nombreux ceinture le site de la centrale pour maintenir les intrus à bonne distance. A l’inverse, afin de ne pas risquer de perte de radioactivité, le réacteur est entouré d’une cuve d’acier de 25 cm d’épaisseur. Cette cuve d’acer est située dans une première enceinte de béton conçue pour résister à de fortes pressions intérieures. Une seconde enceinte de béton vient entourer l’ensemble pour protéger des chocs extérieurs. D’après Electrabel, cette seconde enceinte résisterait à la chute d’avions. Entre les deux enceintes de béton, une dépression est maintenue en permanence pour éviter tout rejet éventuel vers l’extérieur. On continue notre route vers Huy, que nous traversons rapidement. Aux pieds de la citadelle, on bifurque vers Modave. La sortie de Huy offre la vision peu engageante d’un des sites d’Arcelor. Autre monstre industriel qui a récemment défrayé la chronique. Cela s’arrange vite car la route tourne gentiment et devient très vite verdoyante jusqu’à Pont de Bonne où nous prendrons à droite, au dessus de la Vyle, une toute petite route sinueuse à souhait.
Pierriers, et chemin de traverse Peu après le hameau de Vyle-et-Tahroul, on emprunte une autre route, plus petite encore, pour atteindre le monument à la mémoire du Maquis de Bagatelle. Si cette riante petite voie nous conduit facilement au village de Pailhe, le chemin qui nous fera ensuite longer la Réserve de Grand Taillis comblera les amateurs de trails. Nous sommes sur une voie à peine carrossable. Les plus agiles s’amuseront dans les ornières boueuses. Les plus prudents resteront vigilants au milieu du chemin sur un tracé constitué de pierres et de rocailles. On franchit ainsi une jolie colline boisée dont le sommet nous fait passer de la province de Liège (forcer l’avenir) à celle de Namur. Une difficulté technique que les trails et les la plupart des machines routières franchiront sans problème. Pour les pilotes de motos sportives, je conseille de ne pas prendre à gauche vers le Maquis de Bagatelle, mais de continuer tout droit vers Evelette et de rejoindre par la route Havelange, où nous zéroterons pour la facilité de tous. Après ces quelques centaines de mètres sur chemin technique, nous profitons d’une route plus classique aux paysages agréables entre Evelette, Havelange et Maffe. Une petite trentaine de kilomètres faciles nous attend pour atteindre Celles et son célèbre char allemand, vestige de l’offensive Von Rundstedt. Les nationales parcourues se laissent dominées allègrement. Les courbes sont larges et belles. Le revêtement est de qualité raisonnable. Une sorte de pause roulante qui nous permet de récupérer des efforts fournis dans le pierrier du « Grand Taillis ». Si les kilomètres suivant le joli village de Celles sont simples quant au tracé, ils feront l’objet de notre plus grand bonheur. Courbes, ascensions, descentes, la N94 qui nous emmène à Wellin, en regorgent dans toute sa première moitié. Méfiez-vous certaines épingles sont parfois surprenantes. Quand elle redevient plus droite, la N94 traverse la jolie forêt de Wanlin. De Wellin, on descend vers Gedinne qui nous attend pour entamer la dernière partie de cette promenade motocycliste. Après avoir gentiment enrouler du câble sur un milieu d’itinéraire aisé, cette portion réclamera toute votre attention.
Brûlé sur les feux de l’actualité Nous ferons qu’emprunter de splendides petites routes qui nous procurent tant de joies mais il faut pour cela un minimum de concentration sur le road-book. Peu après Gedinne on tourne à droite sur une chaussée qui nous mène à Sart-Custinne. La triste renommée de ce village est vraiment regrettable. Le calme, le charme des maisons en pierre « du pays », l’église aux murs tapissées de belles ardoises font de cette entité un endroit où la douceur de vivre n’aurait jamais dû être bouleversée par les évènements liés à l’affaire Fourniret. Derrière le drame humain, il y aussi un gâchis terrible pour ce beau village et ses habitants. De Sart-Custinne on rejoint Vencimont. La route se fait encore plus étroites pour traverser le Bois de Sevri. De Bourseigne-la-Neuve à Felenne, c’est encore 9 kilomètres de bonheur sur l’angle en longeant une petite rivière répondant au nom de Houille. Les coteaux transpirent l’eau qui s’écoule de chaque interstice. Ne vous étonnez de voir la route détrempée ! De Felenne on continue plein Nord pour rejoindre Givet par une petite route détournée longeant la frontière française. La précision des panneaux indicateurs français fait sourire. A une intersection, le panneau indique « Frontière Belge 0,2 ». Soit 200 mètres. On continue vers Givet par les hauteursEn descendant vers la petite cité française, sur la gauche par-delà le fleuve, le Fort militaire de Charlemont dresse fièrement ses murailles. La Meuse se fait languissante. On l’enjambe aisément en frôlant la ville. Nous repartons le long des larges méandres pour le terme de cette balade : la presqu’île de Chooz. Lové dans une boucle de la Meuse, le village ne doit sa renommée qu’à la construction dans les années 80 d’une centrale nucléaire. Le village a survécu aux centrales et conserve tout son charme. Si notre parcours se termine sur le parking devant l’entrée de la centrale, ne manquez pas en repartant de vous promener dans le centre du village. Rien n’y ferait soupçonner le monstre de techniques qui se cache au détour du fleuve.
Atomes crochus avec le nucléaire ? Si le nucléaire nous apporte assurément un confort électrique et une production de masse, il est clair que le débat est loin d’être clos quant à son innocuité et à son avenir. Si tous nous sommes convaincus que les énergies renouvelables (vent, solaire, hydraulique, géothermique etc.) doivent être développées, il semble pourtant que l’industrie du nucléaire soit à la veille d’une seconde jeunesse. Ce parcours vous permettra peut-être de vous faire votre opinion, tout en profitant d’une nature préservée et, on espère, pas trop polluée. Bonne route et bonne réflexion ! Pour ceux qui souhaitent plus détails, retrouvez cet itinéraire dans le magazine MOTO PULSION n° 183 daté mai 2006
Commentaires - Atomes crochus (MP N°183)
Paulis
- 26/11/2014
Je n‘ai pas encore "déroulé" cette balade, mais cela ne tardera plus.
Je trouve cependant déplorable les commentaires non-touristiques et les nombreuses fautes d‘orthographe qui le parsèment en sus...
Peu importe les opinions politiques du commentateur, nous sommes ici pour la relaxation et non des réflexions !
Francis et Viviane (Diversion 900)
- 8/10/2006
Balade faite le dimanche 8 octobre 2006, jour d‘élections communales et provinciales en Belgique, belle journée d‘automne, ensoleillée et douce. Arrêt au Maquis de Bagatelle, ensuite la route vers le Refuge du Grand Taillis, route empierrée, notre moto n‘est pas un trail retour au village. Retour sur l‘itinéraire vers Havelange, nous avons découvert une route alternative pour nous rendre vers l‘Ardenne, par Fromelennes, Felenne, Bourseigne, Vencimont pour rejoindre Gedinne. A recommander !