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Road Book publié dans Moto & Loisirs n°3 2003 Textes: Nicolas Franckx Photos: Nico Monnoye
Départ de Tournai et arrivée à Tournai, 50% en territoire Belge Accès: par l'A8, sortie Tournai centre
Avec ce premier vrai road-book de l’année, nous vous emmenons dans le Hainaut. Les plus fidèles de nos lecteurs savent que cette province a déjà été traversée en tous sens à l'occasion de nombreux road-books parus dans leur magazine préféré, mais nous les rassurons tout de suite : nous avons potassé nos anciens numéros pour ne pas risquer de radoter et de vous emmener sur des routes que nous aurions déjà sillonnées ensemble. Suivez le guide !
La ville aux cinq clochers Pour commencer, nous faisons partir notre itinéraire de Tournai, ville fort agréable s'il en est et - injustement - ignorée en trois ans d'existence de M&L. En descendant sur la ville après trois petits quarts d'heure de route - par l'A8, toujours très dégagée - je suis frappé par la masse imposante de la Cathédrale Notre-Dame. Ce sont paraît-il les cinq tours de celle-ci, toutes différentes, qui valent son surnom à la cité scaldienne, à moins qu'il ne s'agisse des clochers des cinq édifices religieux de la vieille ville (la cathédrale et les églises St Piat, St Brice, St Quentin et St Jacques). Les Tournaisiens eux-mêmes ne sont pas d'accord sur la question ... Après avoir garé la moto sur la Grand-Place (prenez garde que la fontaine discrètement planquée dans les dalles de granit ne vous arrose pas en traître !), je pars découvrir les rues de la ville. L'ambiance tranquille invite à la flânerie, surtout sur les berges de l'Escaut, qui m'amènent jusqu'au Pont de Trous, une porte fortifiée destinée à défendre la ville au niveau du fleuve, qu'elle enjambe. Construit au XIIIème siècle, cet ouvrage a été rehaussé il y a une cinquantaine d'année pour faciliter la circulation fluviale. Comme moi, vous ne quitterez pas la ville sans un coup d'oeil au beffroi , le plus ancien et un des plus beaux de Belgique…
Templeuve que ça ? Justice est rendue à la ville de Tournai, qui méritait amplement cette petite visite, et je quitte à présent la Grand-Place pour une journée de route à travers les plaines de l'Escaut. Le ciel est menaçant mais il n'ouvre pas ses vannes, pas même au passage de Templeuve, village au nom on ne peut plus explicite, même si statistiquement ses habitants ne se font sans doute pas plus arroser que le restant de la population du Royaume... et du Nord de la France, car je traverse bientôt la frontière. Je me laisse ensuite glisser vers le Sud par les petites routes de campagne, évitant la grosse agglomération lilloise. A peine avez-vous eu l'occasion de faire quelques kilomètres que réapparaissent des indications Templeuve. Non, vous ne faites pas fausse route (et oui, je l'ai fait en exprès) : il existe, à une vingtaine de kilomètres du premier, un village français portant rigoureusement le même nom ! A ma grande surprise, les deux ne sont pas jumelés (ou du moins aucun panneau ne l'annonce). Jalousie ? Rivalité de frères ennemis ? Simple omission ou désintérêt ? Après la visite de Tournai, la journée est déjà bien avancée et je n'ai pas le temps de mener l'enquête. Si le coeur vous en dit ...
Scarpe et Escaut Je délaisse Templeuve (où il ne pleut toujours pas, j'espère que vous aurez autant de chance que moi) pour me diriger vers le Parc régional de la Scarpe et l'Escaut. Ici, même si nous sommes en France, nous nous croirions volontiers chez nous. Les rus et petits canaux bordés de peupliers, les verts bocages, les prairies battues par le vent qui succèdent aux bois et à d'autres prairies, quelques vieilles fermes ... ces paysages rappellent la Flandre du tournant du siècle passé, chantée avec autant de lyrisme par Verhaeren (Hymne à l'Escaut) que par Marie Gevers (La Comtesse des Digues). La petite station thermale de Saint-Amand-les-Eaux, située à la moitié de notre parcours, est l'occasion d'une halte pour casser la croûte. L'église en pierre calcaire fait pitié à voir. Des siècles d'érosion et quelques décennies de pluie acide ont eu raison du relief découpé de sa jeunesse. De loin, on la dirait en fusion, dégoulinante comme la Sagrada Familia de Gaudi, à Barcelone, mais au fur et à mesure qu'on s'en approche, cette impression s'estompe : en fait, la pierre est tout simplement mangée, et pas partout de manière homogène qui plus est. Au sortir de Saint-Amand, nous nous repayons une petite tranche de Flandre pittoresque (toujours en France !) rien que pour le plaisir des yeux, avant de revenir en Belgique par Bernissart, situé dans le Parc naturel des plaines de l'Escaut.
Charbonnages et vieilles bestioles C'est dans ce village anonyme à la frontière française qu'en mars 1878, des mineurs occupés à creuser au travers d'un puits naturel, dans la fosse Sainte-Barbe, ont découvert, parmi d'autres fossiles, les gigantesques squelettes de 29 iguanodons, dont la majorité sont aujourd'hui conservés au Muséum des Sciences Naturelles, à Ixelles. Une dizaine de squelettes, reconstitués, y sont présentés debout, mais d'autres sont gisants, tels qu'ils ont été trouvés. Mais Bernissart n'a pas été dépouillé de tous ses dinosaures, et le musée de l'Iguanodon présente quelques-uns des fossiles du gisement, ainsi que l'évolution de la vie (projection audio-visuelle) avec une attention toute particulière pour les dinosaures et l'iguanodon en particulier. Si vous suivez l’actualité, vous saurez que de nouvelles fouilles sont entreprises sur le site.
La Mer de Sable Après ce plongeon dans le passé lointain - que je n'oserais qualifier de national, il ne faut rien exagérer tout de même ! - je reprends la route vers Stambruges et sa Mer de Sable, une grande étendue sablonneuse, résultat de l'assèchement progressif d'un étang de plus de 20 hectares, qui donne des airs presque landais à toute une partie de la forêt domaniale indivise de Stambruges. Si vous en avez l'occasion, payez-vous une petite balade dans cet endroit calme et reposant. De Stambruges, vous rejoindrez Leuze-en-Hainaut par Beloeil. Là, on avoue, c'est d'un banal affligeant, mais rien ne vous oblige à visiter le château ... A Leuze, il n'est évidemment pas question de prendre simplement la N7, tout sauf passionnante, pour rentrer à Tournai. Je la quitte donc dédaigneusement après un kilomètre à peine et je m'engage un bref instant vers Renaix, pour mieux repiquer immédiatement à l'Ouest, par une route secondaire bucolique qui musarde entre de faibles collines pour me ramener petit à petit à mon point de départ par Thieulain, Maulde et Warchin. Les paysages ont changé, le relief est un peu plus marqué, mais ça suffit peut-être à se faire plaisir - en toute prudence - après cette journée qui en principe n'aura pas été trop fatigante. A Tournai, vous pourrez encore s'il n'est pas trop tard visiter le Musée des Beaux-Arts ou le Musée de la Tapisserie, ou pourquoi pas faire une petite excursion jusqu'au Mont Saint-Aubert (6 km au Nord de la ville) avant de prendre le chemin du retour...
Tournai : Si elle est l'une des plus vieilles cités de Belgique, déjà mentionnée du temps des Romains, c'est avant tout dans l'histoire de France que Tournai a beaucoup compté. Elle passe sous la domination des Francs saliens au Vème siècle et devient le berceau de la dynastie mérovingienne, puisque Clovis y naît en 465. Bien plus tard, pendant la guerre de Cent Ans, Tournai reste fidèle à la France alors que les villes environnantes sont ralliées à la cause anglaise. La cathédrale Notre-Dame de Tournai compte parmi les édifices religieux les plus impressionnants du pays. La silhouette célèbre de ses cinq tours vaut son surnom à la ville. Construite aux XIIème et XIIIème siècles, elle a vu son choeur roman d'origine remplacé par un choeur gothique, et cette différence de style se remarque aussi bien à l'extérieur qu'à l'intérieur. Prévoir 1 h au moins pour la visite de la cathédrale.
Parc naturel régional de la Scarpe et de l'Escaut : Ecrin de nature préservée entre Valenciennes, Douai et Lille, ce parc de 43.000 hectares est composé de 48 communes du département du Nord. Avec le Parc naturel wallon des Plaines de l'Escaut, il forme le Parc naturel transfrontalier du Hainaut.
St-Amand-les-Eaux : Les eaux thermales de Saint-Amand jaillissent dans une clairière au confluent de l'Elnon et de la Scarpe. Situées à proximité de la voie romaine Bavay-Fort Mardyck, elles étaient déjà connues des Nerviens, qui s'y abreuvaient, mais s'y reposaient également, comme en témoignent des vestiges de laconica (mi baignoire, mi sauna). Aujourd'hui, Saint-Amand-les-Eaux, unique station thermale du Nord de la France, perpétue son activité dans un établissement entièrement rénové où des milliers de curistes viennent tous les ans profiter des bienfaits des eaux chaudes et riches en soufre.
Bernissart : Le Musée de l'Iguanodon, sis rue du Château, est ouvert le dimanche du 1er avril au 31 octobre, de 15 h 30 à 17 h 30, et toute l'année, sur réservation, pour les groupes de plus de 10 personnes. Contact : 067/57.66.15.
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